Michael Youn :  On s’est rencontrés avec Bruno, on s’est tournés autour et Bruno m’a montré la bande annonce du film avant le film ne soit tourné, ce qui est en quand même juste la meilleure idée du monde pour réussir à avoir des acteurs surtout lorsqu’on est un jeune réalisateur par rapport aux acteurs confirmés comme moi qui ont au moins 4 films à leur actif vous comprenez !!  Et donc Bruno avait tourné un teaser avec un autre acteur, un teaser qui était vraiment stupéfiant et c’est la dedans que je me suis rendu compte de l’atmosphère qu’il allait essayer d’imprimer au film, et de son univers et de sa vision de l’image, c’est là que je me suis dit que c’était pas seulement un scénariste et un réalisateur, c’était surtout un cinéaste et j’avais envie de travailler avec un cinéaste parce que jusqu’à présent j’en avais pas rencontré beaucoup

Bruno Merle : Tout était prévu à l’avance, Michael et moi on est pareils, on aiment bien beaucoup préparer, faire les choses sérieusement, tout était prévu, calculé et s’est mis en place au tournage

 Le choix de Michael ? Y a eu plein de raisons, la 1ere elle est bassement concrète, c’est qu’il fallait quelqu’un qui puisse être drôle, ca a pas l’air d’être grand-chose mais c’est ce qu’il ya  de plus compliqué… Apres surtout je voulais quelqu’un qui ,soit très physique, j’aime Gene kelly, j’aime un acteur qui sait danser, sauter, tomber et en même temps dire des vers et puis la 3eme et plus importante des raisons c’est que Michael je le sentais, j’avais besoin de quelqu’un qui était prêt à aller travailler avec ce qu’il a dans les tripes et je n’ai pas été déçu…

Michael Youn : Je suis très content d’être catalogué comique,  humoriste, amuseur public n° 1, mais à la base je suis comédien, je viens du théâtre plutôt classique, je suis quelqu’un de curieux, si il y a des univers qui se présentent à moi et qui sont aussi intéressants et racés que celui de Bruno je dirai oui.  Si (Patrice) Chéreau m’appelle je lui dirai « oui », et en même s’il y a un bon film avec (Alain) Berbérian je le ferai aussi.

 C est pas un changement radical de carrière, je n’ai pas décidé d’arrêter de faire rigoler, les plus beaux moments de ma vie c’est quand je suis sur scène devant du public et que les gens rigolent et j’ai découvert que je pouvais avoir beaucoup de plaisir en étant sur un plateau de tournage à jouer des choses qui sont dures ou  noires ce qui  est plus essentiel, plus simple que la comédie. La comédie c’est quelque chose d’artificiel, de fabriqué, l’humour c’est pas naturel, c’est quelque chose de mathématique alors que sur le tournage de Héros c’est vrai que je suis allé à des choses plus évidentes , plus personnelles, j’ai fait preuve d’un petit peu plus d’impudeur, j’ai plus joué en ouverture et c’était relativement décontractant

Michael Youn : Je peux pas vous dire quelle est la proportion de choses personnelles dans un personnage

Quand je joue une scène et que par exemple c’est mon père qui joue mon père mort, dans la mesure ou j’avais pas envie de me mettre dans des états pas possible je peux vous assurer que le personnel il est de 0 %, c’est totalement le personnage qui parle
Y a d’autres moments, la scène avec Clovis Costa (interprété par Patrick Chesnais), quand on fume un pétard, là effectivement c’est un peu plus personnel, j’y ai mis plus de cœur

Michael Youn : On a répété pendant 2 mois et demi, 3 mois. Sur le tournage il  n’y avait pas beaucoup de surprises , hormis de bonnes surprises, des inventions qu’on a trouvées sur le moment. C’est un tournage très calme, très concentré, c’était un petit budget (1,4 millions d' €). Un film c’est pas juste les acteurs devant la caméra, Le huit clos de Héros c'est une tension qui est palpable c’est aussi tous les techniciens qui ont travaillés dans cette ambiance là et je garde de ce tournage un souvenir assez chouette .  Le plaisir est plus évident sur un film comme Héros que Incontrôlable ou Iznogoud, l’humour c’est quelques chose de mécanique sur Héros c’est du « ressenti » quand Bruno me demande d’être un peu plus proche de ma nature et bien vous ressentez les choses plus que vous ne les faites, vous êtes plus que vous ne fabriquez

On a tous des personnalités complexes, je ne suis pas qu’une paire de fesses qui court en hurlant, je ne suis pas aussi simple que çà, y a des moments ou je réfléchis, ou je suis ému, ou je peux être émouvant,  ou je suis con, ou je suis drôle, un être humain quoi…

Michael Youn : J’ai fais ce film parce que le scénar m’a plu et pas me en disant "Hum Hum" je vais réussir à changer mon image, je vais m’attirer le public des salles d’art et d’essai , ouais les critiques vont dire du bien de moi. Par rapport aux comédies populaires que j’ai pu faire, ce film je l’ai fais un peu plus égoïstement, un peu plus pour me faire plaisir, pour expérimenter des choses, pour me voir ailleurs, différent je l’ai un peu moins fais pour le public même si je suis sur que le spectateur peut éprouver du plaisir en le voyant. 

C’est un film particulier, c’est une épreuve à vivre, quelque chose de radical, qu’on n’a pas l’habitude de voir en France et j’aimerais bien qu’on lui laisse sa chance et que quand on juge ce film (et j’ai pas l’habitude de dire ce genre de choses) qu’on tourne 7 fois sa langue dans sa bouche parce que je mets ma main à couper que ce mec la (Bruno Merle) on en réentendra parler, quelqu'un qui fait tellement aucune concession que c’est forcément du talent…

Vous savez ca va vous paraitre démago, mais partout ou je vais en France j’aime bien dire "j’aime bien cette région" sauf quand je vais à Paris. Je trouve que le contact avec les gens, avec la presse, les questions qu’on vous posent en province, sont toujours , alors plutôt que de dire sont meilleures qu’à Paris (sont moins connes ? remarque de Maurice Bourdon) à Paris les journalistes sont plus blasés, c’est vrai que je réponds avec plus d’enthousiasme avec vous que quand je fais de la promo à Paris, à Paris j’ai l’impression de faire mon boulot alors qu’ici j’éprouve du plaisir à parler avec vous

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